Monde 25/06/2009 à 06h51
La France humiliée par Tsahal
Analyse
Les soldats israéliens ont agressé plusieurs fois des diplomates français.
Par JEAN-PIERRE PERRIN
Si Nicolas Sarkozy fait
beaucoup d’efforts pour se rapprocher de l’Etat hébreu, on ne peut pas
dire que la réciproque soit vraie. A preuve la multiplication des
«bavures» commises par les forces de sécurité israéliennes à l’encontre
de ressortissants français en mission et soigneusement étouffées par le
Quai d’Orsay. Lundi, la directrice du centre culturel français de
Naplouse (Cisjordanie) a été sortie de son véhicule, jetée à terre et
rouée de coups par des militaires israéliens près de Jérusalem. «Je peux te tuer»,
a lancé en anglais l’un des soldats. Sa voiture portait pourtant des
plaques diplomatiques. Depuis, on lui a déconseillé de porter plainte
pour ne pas «gêner» la visite de Nétanyahou. Mardi, c’est le
directeur du centre culturel de Jérusalem-Ouest, Olivier Debray, qui, à
bord d’un véhicule pourvu de plaques consulaires, a été insulté par des
policiers.
Miette. D’une façon générale, le corps consulaire
français se plaint de la violation régulière par les policiers et les
soldats israéliens des usages consulaires. Le 11 juin 2008, Catherine
Hyver, consule adjointe à Jérusalem, avait été retenue dix-sept heures
sans une goutte d’eau ni une miette de pain par la sécurité israélienne
à un point de passage de la bande de Gaza.
Excréments. Mais l’incident le plus choquant est
l’occupation du domicile de l’agent consulaire français, Majdi
Chakkoura, à Gaza pendant l’attaque israélienne de janvier. En son
absence, les soldats israéliens ont complètement ravagé les lieux -
pourtant signalés à l’armée israélienne -, volé une grosse somme
d’argent, les bijoux de son épouse, son ordinateur et détruit la thèse
sur laquelle il travaillait. Et ils ont souillé d’excréments le drapeau
français. Le Quai d’Orsay n’a là encore élevé aucune protestation. Une
occupation semblable s’est produite au domicile d’une professeure
palestinienne du centre culturel français. Avec ce tag écrit en
français sur la bibliothèque dévastée : «Sale arabe, ont va revenir te tuer». C’est, dit-on à Gaza, la faute de français - le «t» en trop - qui a choqué l’enseignante.
source : libé