Selon une étude commandée par le ministère:
Violence et harcèlement à l'université
par R. N.
Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a installé, hier, les commissions conjointes (CNES-ministère) chargées des dossiers relatifs au régime indemnitaire, la gestion des carrières des enseignants et des chercheurs, le logement et la charte universitaire.
L'installation de ces commissions faite à la demande du Conseil national des enseignants du supérieur répond, selon le coordonnateur national et porte-parole du CNES, Abdelmalik Rahmani, au souci de donner à celles-ci un caractère officiel et permanent et par là même valoriser les travaux qu'elles effectueront. Ces commissions qui seront relayées par d'autres au niveau local feront les propositions portant sur tous les dysfonctionnements pouvant être constatés au sein de l'université. Des assemblées générales auront lieu à la veille des prochaines vacances prévues à la mi-décembre dans toutes les universités. Les conclusions des enseignants seront ensuite transmises au bureau national du CNES qui à son tour les soumettra au ministère de l'Enseignement supérieur. Au CNES, l'on considère que c'est pour la première fois que les enseignants vont donner leur avis et proposition sur des dossiers qui les concernent en premier. D'autres partenaires sociaux dans l'enseignement supérieur vont probablement suivre, a indiqué Abdelmalik Rahmani.
S'agissant de la charte, il est indiqué par ailleurs que la déontologie et l'éducation universitaire en seront la pierre angulaire pour préserver l'enceinte universitaire de toutes formes de violence. Cette charte a pour but d'éviter les comportements erronés et déviés qui peuvent porter atteinte à la science et donner une mauvaise image de la relation entre les différentes composantes universitaires. Le ministre a par ailleurs souligné que la charte universitaire a également pour but de préserver l'enceinte universitaire de toutes formes d'agressions à travers la consécration du strict respect du règlement intérieur des établissements universitaires et l'obligation de travailler dans l'esprit du pardon en acceptant le débat contradictoire à travers le dialogue entre les universités.
Par cette initiative, qui verra la contribution des organisations estudiantines, le ministère compte «dépasser toutes les périodes difficiles» qu'ont connues certains établissements universitaires, notamment après la mort d'un enseignant à Mostaganem, tué par un de ses étudiants, acte que le ministre a mis sur le compte «d'accumulations ayant conduit vers des voies autres que celles que devrait emprunter l'université».
Pour aider à la préparation de cette charte, le MESRS avait sollicité le Centre de recherche en déontologie sociale et culturelle (CRDSC) d'Oran pour la réalisation d'une étude qui en sera sa plate-forme. L'étude, finalisée en juin dernier, a couvert des universités, des centres universitaires et des écoles, a pris comme échantillon des enseignants, des administrateurs et plus de 60% d'étudiants dont 47,4% poursuivent des études en sciences humaines et sociales. L'étude a démontré, entre autres, que la violence verbale commise par l'enseignant envers ses étudiants est en première position avec 44,6%, suivie du harcèlement moral (33,2%) et du harcèlement sexuel (27%). Elle a également démontré que 66% des étudiants considèrent qu'ils sont respectés par leurs enseignants contre 26% qui subissent l'indifférence, 6% le mépris alors que 2% sont soumis à la violence et la brutalité.
Le quotidien d'Oran